Une vue du couvent des Jacobins.
Toulouse (aout 2024).

3844 morceaux (et un livre) dans ma poche

Toulouse (France), le

It was 1959; the world jostled and rocked. American automobiles sprouted double headlights and fins. Batista fled Havana; Castro entered. Khrushchev met Mao, visited Disneyland, debated Nixon in a model kitchen at the American National Exhibition in Moscow. Alaska and Hawaii joined the Union; the flag gained two stars. The crashes of commercial airliners were a depressingly regular event. The music died in Clear Lake, Iowa; the Clutters died in Holcomb, Kansas. Johnny and the Moondogs, a British guitar trio led by the eighteen-year-old art student John Lennon (his bandmates were the seventeen-year-old Paul McCartney and sixteen-year-old George Harrison), played gigs around Liverpool whenever they could find a drummer. Rocky and Bullwinkle and Bonanza—in color—debuted. As did the Xerox machine. As did the Barbie doll. NASA named the seven original astronauts, and the Space Age began. Gypsy and The Sound of Music and A Raisin in the Sun premiered on Broadway. The Boeing 707 and the ICBM were introduced: travelers could now fly to far-off destinations at unprecedented speeds, as could nuclear bombs. So what.

— James Kaplan, Three Shades of Blue: Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans & The Lost Empire of Cool, 2024.


Je ne veux pas critiquer les services de streaming musical (les mélomanes n’ont jamais assouvi aussi facilement leur passion), mais je dois bien le faire (les musiciens n’ont jamais vécu aussi précairement de leur profession). Pour résoudre cette contradiction, je continue d’acheter quelques albums par mois, de moins en moins chez Qobuz et de plus en plus chez Presto, toujours chez Bandcamp et encore quelques disques.


Ashley Kahn a déjà fait l’histoire de Kind of Blue ; James Kaplan s’intéresse plutôt à celle de ses interprètes, ou des trois plus célèbres d’entre eux, quoique les quatre autres font des apparitions régulières. Bien que je sois relativement familier avec le sujet de Three Shades of Blue, j’ai parfois été désorienté par sa chronologie confuse, Kaplan suivant ses digressions comme les groupies suivaient Miles. C’est à croire qu’il voulait se faire mériter, au risque de dissuader les “profanes”, par une identité présomptueuse avec les stars du free jazz.

Mais Kaplan n’est pas Coltrane : les interventions de son éditeur, qui a eu l’idée de l’ouvrage, se font lourdement sentir quand un surnom remplace un nom ou qu’une date est écrite en toutes lettres pour éviter une répétition. Voilà qui donne un rythme pataud à une lecture déjà hachée par des citations de seconde main — l’auteur a réalisé un formidable travail de compilation, mais n’a pas d’autre matériel original qu’une interview réalisée deux ans avant la mort de Miles Davis et quelques souvenirs recomposés (et souvent décomposés) de vieilles gloires.


Après avoir lu tant d’appréciations élogieuses, je ne m’attendais pas à ce que les écouteurs Moondrop Chu II sonnent si mal. Où sont donc passés les aigus cristallins et les basses percussives, reliés par un doux médium, promis par la critique ? Quelque part dans les circuits de l’adaptateur USB-C vers jack 3,5 mm d’Apple, capable d’alimenter tous mes écouteurs intra-auriculaires… sauf les moins chers.

Voilà une raison, s’il en fallait encore une, de plutôt utiliser mon iPod refabriqué par Elite Obsolete Electronics avec une molette violette et une carte microSD de 256 Go. Le manque relatif de sensibilité des écouteurs est presque souhaitable : ils reçoivent juste assez de courant pour que l’on puisse apprécier leurs qualités indéniables, mais pas assez pour que l’on entende les défauts de la conversion numérique-analogique du baladeur.


Malgré ses lacunes, Three Shades of Blue reste un ouvrage plaisant, ne serait que parce qu’il m’a donné une excuse pour écouter Kind of Blue pour la mille-et-unième fois. Avec un appétit pour les cuivres et ma nouvelle paire d’écouteurs, j’étais dans de parfaites dispositions pour découvrir la saxophoniste Jasmine Myra. Son deuxième et nouvel album porte bien son nom, Rising, comme mon humeur en écoutant cette magnifique suite de mélodies oniriques. Myra est produite par le trompettiste Matthew Halsall, dont je n’avais pas encore écouté le petit album Bright Sparkling Light, qui se rapproche de la musique ambiante sans verser dans la musique d’ascenseur. Et même si Jasper Høiby joue de la basse, j’ai réréréécouté le deuxième opus de son trio Three Elements, qui coule véritablement Like Water. Les mélomanes n’ont jamais assouvi aussi facilement leur passion, disais-je, et c’est tout de même fantastique.


Last.fm m’est aussi utile pour la musique que StoryGraph pour les livres et Trakt pour les films, c’est-à-dire pas franchement, sauf pour préparer les épisodes d’À bâtons rompus. Cela dit, le statisticien qui sommeille en moi ne peut s’empêcher de compléter ses jeux de données. QuietScrob reste la moins mauvaise des applications de scrobbling automatique pour l’iPhone, mais quitte à devoir l’utiliser pour documenter mon utilisation de l’iPod, je préfère presque utiliser le service de scrobbling manuel OpenScrobbler.